Je me souviens d’un de mes professeurs d’histoire au lycée. Nous étions en terminale et le professeur, sur la fin de sa carrière, nous expliquait que la seule chose qui pourrait encore le faire descendre dans la rue (pour manifester) serait une menace pesant sur notre système Français de sécurité sociale. Je ne sais pas si à l’époque il croyait la chose probable. En tout cas pas moi. J’avais tort.
J’imagine que la plupart d’entre nous avons comme cela des jalons qui nous permettent de nous repérer et d’entrevoir la progression de notre société. Pour mon professeur d’histoire, c’était la remise en cause de la sécurité sociale, pour d’autres il s’agissait du cours du baril de « brent » à 100 dollars. En ce qui me concerne, je m’étais imaginé un repère utopique, inatteignable et ironique, qui illustrerait un niveau de décadence sociale irréversible et presque ultime. Ce repère, c’était le fait qu’un jour – autrement que par humour, pour des touristes – il faille payer pour pouvoir respirer. Que l’on vende l’air.
Quel ne fut pas le choc lorsque, dans le journal Libération du jeudi 21 février 2008, je découvre page 16 que « le premier bar à oxygène parisien » vient d’ouvrir ses portes, « près des Champs-Elysées ». Pour une dizaine d’euro, il est possible d’y respirer de l’oxygène parfumé durant une dizaine de minutes.
C’est un peu mon 11 septembre personnel. Bien entendu il convient de ne pas étendre la comparaison car il n’y a ni terrorisme ni crime ni même sans doute la moindre mauvaise intention dans l’ouverture de cette activité commerciale. Mais quand même, quel signe ! Des bars à air !
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